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Hellenophobe
1 novembre 2005

Prisonnier des geoles fascistes

Parmi les motifs d'etonnement lorsque l'on deboule en Grece, les discours albanophobes et antisemites ne sont pas des moins saisissants.
Pourtant, le parti d'extreme droite, l'equivalent de "notre" Front National, ne realise que quelques pourcents aux differentes elections (disons entre 3% et 5%).
Lorsque j'osais m'emouvoir du racisme ambiant, on me balancait a la gueule les scores de Le Pen et force denegations.
J'etais dans ces situations ou l'on sait qu'on a raison, mais face a un subtil sophisme ou une mauvaise foi convaincante, et en manque de faits et preuves, on est dans l'incapacite de fermer sa gueule de con a l'interlocuteur concerne.

Cette situation n'a pas dure. En fait l'explication est simple : de l'Eglise (omnipotente) aux traditionnels partis politiques, des grands medias aux petits connards de la rue, la xenophobie et l'antisemitisme sont tellement bien representes et naturels qu'il est parfaitement inutile d'aller vers l'extreme-droite pour trouver echo a ses penchants fascisants.

Une illustration toujours savoureuse est observable tous les 28 octobre :
Le 28 octobre, c'est un peu notre 14 juillet. On y fete le "Oxi", c'est-a-dire le "Non" : Lorsque Mussolini demanda au dictateur d'extreme-droite Metaxas l'autorisation de traverser la Grece pour aller envahir les Balkans, le vieux general, pour une raison encore inexpliquee (mauvaise traduction de l'interprete ? defense des interets des producteurs de feta ?) envoya au Duce une fin de non-recevoir qui irrita celui-ci et entreprit alors d'envahir la Grece. Ce en quoi il echoua lamentablement, un peu a la facon d'un Sarkozy tentant de mettre au pas ces connards de corses. Mais je m'egare.
Chaque 28 octobre, donc, les ecoliers Grecs defilent, dans les rues, chaque ecole octroyant au meilleur de ses eleves l'insigne honneur de porter le drapeau hellene en tete de cortege.
Manque de bol, les petits Grecs n'etant caricaturalement pas eduques (j'y reviendrai), les ecoliers d'origine albanaise (albanais pour toujours donc, ils n'ont pas le sang donc aucune chance d'etre consideres comme Grecs avant au moins 437 generations) trustent regulierement les 1eres places. Ce qui tous les ans provoque le meme cirque : les Grecs ne supportant pas l'idee qu'une raclure albanaise ait le droit de tenir le drapeau, ils manifestent, menacent de mort la famille du petit, etc. Les medias excitent a loisir le sentiment nationaliste, et pour finir le petit albanais renonce et laisse l'etandard au petit cretin Grec le mieux classe apres lui.

Les Juifs ne sont pas mieux lotis, mais de toute facon il n'en reste plus. Albert Cohen a fui le Corfou de son enfance. Il faudrait ressortir les affiches de propagandes de Vichy, y a du ble a se faire ici les gars. Bref.

Parler d'antisemitisme et de xenophobie est toujours un sujet delicat, et ma qualite d'hellenophobe me decredibilise un tantinet.
Aussi ecoutons plutot
Panayote Elias DIMITRAS, Grec qui doit se sentir bien seul, porte parole de l'Observatoire grec des accords d'Helsinki et du groupement pour le droit des minorités.

Le problème principal en Grèce est l'absence d'éducation antiraciste et la passivité de l'opinion publique ainsi que l'existence d'une presse qui fraye souvent avec le racisme, l'antisémitisme et l'intolérance envers les m inorités (notamment les minorités nationales) : une étude comparative récente réalisée par la Fédération internationale d'Helsinki a montré que les médias en Grèce sont en fait de plus grands générateurs de haine que les médias des autres États balkaniques. Il convient de mentionner les résultats du sondage effectué au printemps 1993 - avec le financement de la CEE et de la fondation Lambrakis (affiliée au groupe de presse du même nom) - sur le comportement des Grecs à l'égard des minorités : 89% des Grecs trouvent les Turcs antipathiques, 76% ont un préjugé défavorable envers les Albanais, 57% envers les Juifs et 55% envers les Tsiganes. 84% de la population trouve que "beaucoup d'étrangers vivant en Grèce constituent un danger public", et 90% considèrent qu'ils "usurpent le travail des Grecs". L'armée ainsi que l'Église orthodoxe universelle sont les institutions envers lesquelles la population se montre la mieux disposée, avec respectivement 76% et 70% d'opinions positives. Ces résultats témoignent, selon les auteurs de cette enquête, d'une véritable mutation de la société, suggérant l'émergence d'une xénophobie nationaliste, laquelle est attribuée au sursaut nationaliste entraîné par la crise balkanique ainsi qu'au passage brutal de la Grèce du statut de pays d'émigration à celui de pays d'accueil, avec l'arrivée massive d'immigrés, surtout albanais. Autre signe du racisme latent, le ministre de l'Éducation, Georges Papandréou (le fils de l'ex-Premier ministre) a admis en juin 1995 que le système scolaire véhiculait des stéréotypes racistes et antisémites, et que les manuels scolaires alimentaient l'antisémitisme en omettant de mentionner la Shoah. Il indiquait ensuite qu'une commission avait été chargée d'enlever les références antisémites dans les livres d'histoire incriminés, et a proposé d'inclure l'histoire de la Shoah dans l'enseignement. La dernière mesure annoncée concerne l'ouverture prochaine d'universités influentes aux membres de la minorité "musulmane" (c'est-à-dire turque), exclus jusqu'à présent de l'enseignement supérieur sous prétexte qu'ils ne "connaissent pas suffisamment le grec". Dans l'ensemble, l'attitude de l'État vis-à-vis de la Shoah demeure ambiguë. En janvier 1995, il s'est abstenu de participer à la commémoration du 50e anniversaire de la libération d'Auschwitz, le drapeau macédonien devant y être hissé. La communauté juive a protesté contre ce désistement, soulignant le fait que 85% des Juifs grecs avaient été exterminés par les nazis. Il faut enfin signaler que, cinquante ans après la fin de la guerre, il n'existe toujours pas de monument commémorant l'anéantissement de la communauté juive de Salonique. En outre, le gouvernement s'apprêtait à rendre hommage à Salonique comme "capitale culturelle de l'Europe" en 1997, avec un film de Vasilis Vasilikos produit par Costa Gavras, devant mettre l'accent sur "l'absence de quelque antisémitisme que ce soit" en Grèce à travers les siècles - ce qui constitue évidemment une aberration historique. En réalité, le même Vasilis Vasilikos a été nommé ambassadeur à l'Unesco en 1996, au moment même où le Comité juif central l'accusait d'antisémitisme.

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